Est-ce possible de travailler et d'être heureux en groupe ? par Bérénice Albertini

Travailler en groupe n’est pas toujours chose aisée : à la manière des sept nains ou des Schtroumpfs, il y a toujours une personne du groupe qui s’appelle grincheux ou professeur et qui peut vous faire autant rire qu’hérisser les poils. Je vous propose ici des points à mettre en relief pour soulager la pression et transformer cette expérience en un jeu d’échange, où parfois on perd et parfois on gagne.

"Les disputes sont saines et les relations n'ont pas à être lisses, l'important est qu'elles reposent sur un socle solide" R. Waldinger. 


Stade 1: comprendre l’intérêt de travailler en groupe

Les personnes isolées meurent plus vite. 
Vous connaissez l’adage “tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin”. Robert Waldinger l’à confirmé dans son étude, il est nécessaire pour expérimenter la recette du bonheur de s’entourer car vivre seul est toxique. Les personnes de l’étude mourraient plus rapidement, problèmes de santé puis déclin des capacités cognitives. Comprendre que nous avons besoin les uns des autres et que ce sont nos échanges (et non l’argent ou le travail) qui nous rendent heureux est un premier pas.

Apporter autant de bienfait à l’un qu’à l’autre : produire des relations de qualité
Cela peut paraître évident mais c’est important de le souligner, s’entourer ne veut pas dire s’entourer d’une montagne de personnes. Pour avoir une relation d’échange saine il est essentiel d’y avoir placé un objectif de qualité ; un intérêt commun ou un échange qui apporte autant de bienfait à l’un qu’à l’autre. Tant qu’il y aura un déséquilibre dans les échanges, la co-création sera toujours bancale et le projet ou l’échange s’en retrouvera pauvre voire même échouera.

Bâtir des projets avec sa motivation et voir le long terme 
Dans mon expérience de gestionnaire de projets, je constate la puissance (et le succès) d’un projet lorsque les personnes contributrices ont choisi d’être ensemble, que la décision a été prise sans être imposée.

Mes tests de projet en agence 
Lorsque je travaillais en agence, je faisais des tests. Lorsque je donnais un travail à un créatif qui n’avait pas envie ou qui avait un trou dans son emploi du temps mais dont le thème ne correspondait pas à ce qu’il savait ou aimait faire, la qualité était de suite amoindrie. Par contre lorsqu’avec le même type de projet je lui donnais le choix de travailler sur un projet ou un autre, la qualité était tout de suite meilleure.
Mes diverses expériences de gestion de projet que ce soit en agence ou en bénévolat m’ont prouvé qu’il y avait rien de pire que de donner un projet à une personne qui allait partir ou n’était pas engagée. J’en conclus que voir l’implication long terme, voire même hors résultats en garanti le succès.


Stade 2 : exprimer ses besoins


Saviez-vous que le “tu” tues? Partir dans un travail collectif efficace signifie aussi savoir exprimer ses besoins. Un besoin non exprimé sera très probablement un besoin non assouvi et à la manière de grains de sables dans une pièce mécanique, va venir enrayer les rouages du projet.

Le “tu” tues, alors essayez le “je”
J’ai été confrontée il y a quelques semaines à de grandes difficultés relationnelles avec une personne d’un projet qui réunissait plus de 25 personnes. Après m’être sentie blessée, j’ai eu envie d’exprimer ma colère envers cette personne. Je ne l’ai pas fait et au lieu de ça lui ai demandé ce qui n’allait pas en essayant d’appliquer de la compassion. J’ai ensuite réfléchi de mon côté au pourquoi de ma colère.

N’étant pas un moine tibétain, je vous confirme que la tâche n’a pas été aisée mais.. quel résultat !

J’ai compris que mon besoin c’était de résoudre un dilemme administratif et que la personne en face avait besoin que l’on s’occupe d’elle ! Résultat : la personne en face apaisée et prête à solutionner le dilemme !

Je constate que faire preuve de compassion naturelle (que nous avons tous) sans leur faire de chantage avec le “tu”, fonctionne. La personne colérique que j’avais en face de moi avait en fait besoin d’être écoutée. Une fois que j’ai pu écouter son souci, lui expliquer mes limites, et lui montrer que je respectais ses besoins, elle s’est excusée et a mis en marche des solutions pratiques pour m’aider à résoudre mon problème.

Éviter l’interprétation , pratiquer l’expression du besoin 
Au départ, j’ai interprété son acte en une action qui était réalisée contre moi. Je n’avais simplement pas compris son besoin. Un retard de trente minutes pour une personne ayant besoin que son temps soit respecté peut sonner comme une insulte. Une personne qui a besoin d’attention sera ravie de recevoir un mot dans sa boite aux lettres.
Finalement, une goutte dans l’océan pour vous sera finalement un filet d’eau d’une rivière en sécheresse :)


Stade 3 : s’autoriser la non perfection et accepter que les dos d’âne sont en fait des accélérateurs de bonheur. 

A une des phases du projet avec la personne colérique citée en exemple, j’avais accepté de ne pas résoudre immédiatement la situation, voire même que j’avais échoué.

S’autoriser les échecs pour réussir dans le long terme. 
Du moment que je me suis donnée l’autorisation de ne pas réussir à tout prix, la situation s’est débloquée. J’avais tout de même pris soin de signifier à cette personne mes limites. Finalement, je constate que j’ai fait un mélange entre de la fermeté (=quel est mon besoin le plus primaire, celui qui doit être respecté), et de la bienveillance (=comprendre le besoin de l’autre et voir comment je peux contribuer à atteindre cet objectif).



Si je le transpose à un travail d’équipe, cela signifie que ce qui est important c’est la manière d’y arriver plutôt que le résultat
A chaque changement d’équipe en entreprise, à chaque binôme créé suite à des difficultés, à chaque crise avec son conjoint, ce qui vient renforcer la relation c’est la manière dont on a pris les bosses et les virages dangereux. Pas vraiment le résultat, même si il y contribue. 

Je constate que plus le projet/l’étape à passer est difficile, plus la cohésion entre les personnes est forte et rend le projet/l’étape suivante plus facile à mettre en place. Chacun à compris les limites de l’autre, et peut se rendre compte du soutien qu’il à besoin à un moment donné. Un peu comme un jeu : parfois on gagne, parfois on perd, mais ce qu’on en retient c’est l’échange bienveillant que l’on peut en retirer.

« Le travail individuel permet de gagner un match mais c’est l’esprit d’équipe et l’intelligence collective qui permet de gagner la coupe du monde. »
Aimé Jacquet, ancien joueur et entraîneur international français de football



Ces témoignages sont basés sur mon expérience personnelle et mes lectures ainsi que l'interprétation que j’en fait. Elles n’engagent donc que moi.
(Source Images: pixabay.com)


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