Compostelle, le chemin se fait en marchant

Près de 1900 kilomètres séparent Genève de Santiago

l’heure où j’écris les premières lignes de cet article, je prépare mon voyage sur le chemin de Saint-Jacques qui partira du Puy en Velay le 3 juillet prochain. Je lui apporterai sa conclusion à mon retour, à la fin de l’été. Je sais que je ne serai plus tout à fait la même. On m’a prévenue, mais c’est justement cette idée qui me séduit. Celle d’un renouveau, d’une deuxième naissance.



Marcher dans le présent
J’oublie le passé et je ne pense pas à l’avenir. Je marche tout simplement. Marcher c’est mettre un pied devant l’autre et dessiner le chemin pas après pas. Un peu comme la vie. Je pars sans objectif et sans attente. Un seul but quand même, celui de rallier Saint-Jean-Pied de Port, 750 kilomètres plus loin. Je pars car le chemin m’appelle. Je sais que je vais cheminer vers moi-même, me confronter à mes peurs, mes doutes, mes questionnements. J’aspire au dénuement, à la solitude, à l’authenticité dans sa plus simple expression pour retrouver l’essentiel de la vie.
Je vais m’en remettre aux lois de l’univers, à la magie des rencontres pour composer mon quotidien, écrire quelques pages de ma vie dans l’infini de l’instant présent.

Dessine moi un chemin...

J’ai lu le livre de Jean-Christophe Ruffin, Immortelle randonnée, j’ai vu le film Compostelle, le chemin de la vie, et enfin j’ai interviewé Olivier Dunand, accompagnateur sur les chemins. Les trois n’ont fait que conforter mon intuition, ma vision, l’envie de réaliser un rêve, celui de voyager vers l’essentiel.

« Un voyage de 1000 kilomètres commence toujours par un premier pas. »  – Lao Tseu

Il y a autant de chemins que de pèlerins
Compostelle attire de plus en plus de monde. Est-ce un effet de mode, l’engouement pour la randonnée, le trail, la marche en pleine nature ? Dans une société moderne qui va trop vite et qui le dépasse, le pèlerin ressent le besoin de ralentir le rythme tout en dépassant ses limites. Il part se confronter à lui-même et à son environnement, rencontrer des épreuves physiques, psychologiques, initiatiques.

ou un mouton, sur le bord du chemin...

Faire le chemin est une quête de sens, celui que notre société a semble t’il perdu. En témoigne le succès des films comme Demain, Au nom de la Terre ou En quête de sens. Il y a autant de chemins vers Compostelle que de marcheurs qui l’empruntent. A chacun son rythme, à chacun ses perceptions, à chacun son histoire. Entre eux, un seul point commun, le contact répété avec la nature, les éléments et les autres pèlerins qui replace chaque personnalité à sa juste place. L’alchimie du chemin opère, jour après jour.



Rencontre avec Olivier Dunand, accompagnateur en montagne et sur le Chemin de Compostelle

Né au pied du Salève, Olivier Dunand a marché autour du monde avant de poser son sac à dos dans son pays natal. Pas de manière définitive, puisque pour ses quarante ans il marche vers Compostelle, pressentant qu’un homme neuf en reviendrait. En parallèle, depuis treize ans, il accompagne des groupes sur le Chemin. Etapes après étapes, ils se rapprochent du but. Cette année ils rejoindront Santiago le 22 octobre, après treize jours de marche.

Que retiens-tu de ton voyage et de ton arrivée à Santiago ?
Ce fut loin d’être facile. Il y a des moments où l’on s’ennuie, où l’on souffre moralement et physiquement, où l’on a envie de tout abandonner. Et puis on se relève, on avance, on sourit aux rencontres, à la beauté des paysages. Le chemin est comme la vie, il y a des sommets, des bosses, des crevasses, des trous, des nuages qui se découvrent pour laisser passer le soleil. Arrivé là bas, j’ai été submergé par des émotions très fortes, ce fut un grand moment après 1400 kilomètres et plus de quarante jours de marche en solitaire. On dit que l’on revient comme un homme neuf de ce parcours, ça s’est en partie vérifié dans mon cas, en tout cas des choses ont changé depuis.

Quelle différence entre faire le Chemin seul et en groupe ?
Evidemment, cela n’a rien à voir. Le vrai chemin, celui que l’on fait dans un but personnel, spirituel ou religieux, se fait seul avec son bâton de pèlerin et son sac sur le dos. C’est une vraie épreuve physique, de ténacité, de persévérance, une épreuve dans laquelle on va pouvoir se reconnaître, se rencontrer. En groupe on rencontre d’abord les autres. Cependant, c’est une bonne solution pour les personnes qui hésitent à pouvoir faire seuls leurs premiers pas sur le Chemin. C’est aussi un peu plus de confort pour les personnes qui ne peuvent pas porter un sac à dos sur de longues distances. Quoi qu’il en soit, l’expérience est belle en groupe également, les confrontations des uns et des autres est source d’enrichissement.

Un conseil pour ceux qui partent ?
Surtout prendre le minimum dans son sac à dos. Trop de gens font l’erreur de trop se charger. Il faut penser que chaque jour le pèlerin marche vingt-cinq à trente kilomètres. Il faut penser à beaucoup boire, mais aussi ménager sa monture. Une fois j’ai fait l’erreur de partir avec peu d’eau et j’ai voulu marcher vite et faire quarante kms dans la même journée. Je l’ai payé cher ! Je recommande le guide Miam Miam Dodo, très complet pour les hébergements, points de ravitaillement,…
Et après le conseil principal est de regarder devant soi et marcher, regarder, s’arrêter, respirer, communiquer avec la nature, les autres et soi même.
Tout un programme mais le chemin est long …
Buen camino !


Changez d'Air - 10 rue du Grand Pont
74270 Frangy - Olivier Dunand - 06 85 54 86 94







Le chemin, de Genève au Puy-en-Velay.
C’est à Henri Jarnier que l’on doit le tracé jacquaire de 350 kms qui relie Genève au Puy-en-Velay, répertorié comme GR65. Venant de Genève, le chemin passe par Lathoy, Neydens, avant de rejoindre Beaumont et le Mont-Sion.
Le camping de la Colombière est depuis 1993 la première étape française pour les pèlerins venant d’Europe du Nord et de Suisse. De nombreuses églises, chapelles, symboles, oratoires, statues ornent le chemin qui sillonnent nos monts avec des vues imprenables sur la chaine des Alpes et le Jura, redescendant vers Frangy et ensuite les bords du Rhône.


Mais aussi : 
Découvrir un peu des Chemins de Compostelle dans notre région avec l’association Les Amis de Contamines Sarzin

L’accueil des pèlerins dans le Genevois :
Le Gîte de la Fromagerie à Beaumont
Le Camping de la Colombière à Neydens

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