L’esprit du cheval de trait préservé

Aurore Salzard et sa jument ardennaise Queen

« Apprenez à écouter ce que votre cheval murmure à votre oreille. » 
Elizabeth de Corbigny

Il y a quelques mois, intriguée par tous les élevages et écuries qui égayent notre campagne genevoise, je décidais de partir à la rencontre de l’un des meilleurs amis de l’homme, à savoir le cheval. Toujours guidée par mon intuition et mes inspirations, j’allais au devant de bien des découvertes, bien plus que je ne l’avais imaginé. Le cheval n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient au cheval fut l’une des révélations qui m’a touchée en plein cœur. Des écuries de la Salamandre à Vulbens à l’association EspriTrait, en passant par Paul Tohlakai, homme médecine Dineh et dresseur de chevaux selon les méthodes amérindiennes traditionnelles, j’ai rencontré de belles personnes qui m’ont initiée à l’art de communiquer avec les chevaux.

L’ami du développement durable
« Le cheval est un cadeau de dieu à l’homme » dit un proverbe arabe. C’est certain, car bien avant l’invention de l’automobile, l’homme s’est déplacé à quatre pattes. Depuis la nuit des temps, sur tous les continents, le cheval fut pendant des siècles l’unique moyen de locomotion, de traction, un fidèle assistant pour les travaux agricoles, le transport de marchandises,…
Aujourd’hui, réduit bien souvent à une utilisation de loisir, sportive ou décorative, l’esprit du cheval en liberté, compagnon de l’homme pour les travaux des champs ou l’attelage des diligences disparaît peu à peu.

Du pur sang au percheron, il y a un monde. Des courses hippiques au débardage, il y a bien plus qu’un fossé. Mes racines paysannes m’ont emmenées naturellement à la rencontre de ces chevaux à l’allure débonnaire, au regard bien sympathique qui méritent d’être sous les feux des projecteurs.
L’association EspriTrait, au travers de son action, valorise des espèces qui ont presque disparu des paysages de nos campagnes. Elles regagnent leurs lettres de noblesses au travers d’événements et de fêtes agricoles, mais aussi dans des usages à vocation de développement durable. Ainsi le cheval de trait retrouve doucement mais sûrement le chemin d’exploitations forestières, maraichères ou viticoles.

Dans une exploitation viticole


Une association locale qui rayonne dans toute l’Europe
Créée en 2010 par Olivier et Aurore Salzard, l’association EspriTrait est basée à Viry, en Haute-Savoie. Son action participe à la valorisation et la préservation des neuf races de chevaux de trait français et au soutien de projets en France et au delà de nos frontières.
Par le biais de son site internet www.espritrait.com et des réseaux sociaux, l’association répertorie les événements autour du cheval de trait, les actions, les projets, les actualités,…
Des reportages et des vidéos passionnent chaque semaine les quelques 17 500 abonnés de la page Facebook. Mais au-delà de l’aspect folklorique et festif, le cheval de trait a encore un rôle à jouer dans notre monde moderne. Au delà de l’aspect pratique et écologique, le cheval enchante les villes et les relations entre les hommes, par la sympathie qu’il éveille auprès des petits et des grands, mais aussi son esprit guérisseur, la chaleur et l’authenticité de la relation entre l’homme et l’animal.

Rencontre avec Aurore Salzard, cofondatrice de l’association EspriTrait.

Comment est venue l’idée d’une association de sauvegarde du cheval de Trait ?
Depuis toute petite j’étais fascinée et attirée par les chevaux, particulièrement les chevaux massifs, costauds. J’étais sensible à la relation au cheval, à la nature, le côté contact, mais pas forcément monter sur le dos du cheval. A l’époque, je ne savais même pas ce qu’était un cheval de trait et que cela existait. C’est un jour sur le salon Equita’Lyon que j’ai découvert le cheval de trait. Et cela fut un véritable coup de foudre. J’ai commencé à chercher des informations sur les races, l’utilisation, les origines de ces chevaux, mais je n’ai trouvé aucun site internet, ou revue vraiment exhaustive. De là est venue l’idée de créer l’association et ses outils de communication.

Débardage avec un cheval de trait

Peux-tu me présenter tes chevaux ?
Nous avons actuellement trois chevaux de trait ou plutôt trois juments. Queen, une ardennaise, la race française la plus ancienne, Deepsea une jeune comtoise et enfin Vallerine, une poitevin, une race rare et menacée. Elles vivent dans un parc extérieur et je m’occupe d’elles chaque jour pour les faire travailler, marcher, apprendre à respecter les consignes pour ensuite être attelées ou montées. Avec elles, nous participons à des événements locaux, à des foires agricoles en France ou en Suisse, des démonstrations afin de faire connaître l’utilité et l’usage du cheval de trait.

Quel est ton rêve par rapport à l’usage du cheval de trait, à ton association ?
Mon rêve et celui de l’association est de donner le jour à un musée vivant du cheval de Trait. Dans un lieu suffisamment grand, nous aimerions pouvoir regrouper les neufs races de chevaux de trait français, pouvoir présenter leur usage, faire des démonstrations,… Nous imaginons une sorte de musée école, qui permette des échanges pédagogiques avec les enfants, des groupes, un lieu de vie et de convivialité où l’on pourrait se rencontrer, échanger, prendre un verre, autour d’une vision commune de la solidarité, du partage et du développement durable, entre l’homme, l’animal et la nature. Mais pour cela, nous avons besoin de trouver un lieu, mais aussi des mécènes sensibles à l’esprit de notre cause et à celle du cheval de trait.


CONTACT :
EspriTraiT - Aurore Salzard
83 Route de la Côte - 74580 VIRY
+33 6 77 66 24 86
www.espritrait.com


L’exemple de la ville de Sciez
Depuis plusieurs années, la commune de Sciez a choisi une prestataire de service de chevaux de traits attelés pour l’arrosage et l'entretien du fleurissement de la commune et la collecte des poubelles. Françoise Dulac, Pollux et ses compagnons, chevaux de trait Ardennais sillonnent les rues de la ville. Une alternative écologique et pédagogique, qui améliore le paysage urbain et permet également de sensibiliser, par l’exemple la population a des pratiques alternatives et citoyennes.





Le cheval de Trait, la traction animale
Le terme de « cheval de trait » désigne étymologiquement un cheval, quelle que soit sa race, s'il est employé pour la traction hippomobile. Cependant, dans les pays comme la France, la Belgique et les États-Unis où des races de chevaux spécifiques ont été sélectionnées pour les besoins de cette activité.
La majorité des races de trait n'existent pas avant le XVIIIe siècle. En Europe, les chevaux ont été sélectionnés pour les besoins militaires, la traction des chariots d'artillerie lourde, puis les travaux agricoles, le halage de bateaux et le déplacement de nombreux véhicules hippomobiles pour le transport de personnes ou de matériaux. Avec le progrès industriel, il a peu à peu disparu, restant néanmoins élevé en France pour sa viande. Depuis les années 1990, le cheval de trait retrouve ses anciennes fonctions avec le renouveau de l'équitation de loisir, de l'attelage et de l'utilisation au travail. La France possède le plus grand nombre de races de trait, à savoir neuf. Un cheval sur quatre né en France est un cheval de trait.

Les neuf races Françaises : L’Ardennais, l’Auxois, le Boulonnais, le Breton, le Cob Normand, le Comtois, le Percheron, le Poitevin, le trait du Nord.



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