Marion Majou, créatrice d'Entrelac |
Le coworking ou co-travail, c’est quoi ? Un nouveau job tendance, un phénomène de mode ou une révolution culturelle ? Un peu des trois à la fois. Quête de liberté, quête de sens, nouvelle organisation des entreprises, délocalisation, dématérialisation, ils sont de plus en plus nombreux à changer de vie et changer de job, à travailler nomade, chez eux ou dans des espaces de co-travail.
De plus en plus de créateurs de leur job
Free-lance, auto-entrepreneurs, consultants en portage salarial ou salariés en télétravail… Les formes d'emploi en marge du salariat traditionnel se sont multipliées ces dernières années. Ils sont créateurs de leur micro-entreprise et du job de leur rêve sans pour autant monter une SARL. Ils ont fait le pari de quitter le monde de l’entreprise et de travailler à leur rythme en devenant des travailleurs nomades.
La France compte aujourd’hui 25,8 millions d’emplois, dont 22,8 millions de salariés et 3 millions d’indépendants. Parmi eux près d’un million d’auto-entrepreneurs, 42 000 en portage salarial, soit cinq fois plus qu'en 2002. Controversé, le régime de l’auto-entrepreneur qui devait être supprimé est finalement aménagé et transformé en micro-entreprise. En effet, sa mise en place très simple a largement encouragé la création d’entreprise, et donc d’emplois, depuis sa création en 2009.
Coworking ou co-travail, c’est quoi ?
Adieu bouchons, réunions qui finissent tard le soir, adieu patrons et collègues stressés, RTT, arrêts maladie et congés payés. Bienvenue dans la vie du travailleur moderne qui souhaite concilier vie personnelle et vie professionnelle à son rythme, mais surtout à moindres frais, histoire de ne pas se mettre la pression avec de gros emprunts.
Si les nouveaux créateurs d'entreprises choisissent la liberté d’agir, ils optent aussi pour l’autonomie financière. À micro-entreprise, micro-budget. Le plus simple c’est alors de poser son ordinateur sur un coin de table, sur un bureau à la maison, ou encore au café du coin pour rencontrer du monde.
Oui mais voilà, arrive le jour où le créateur solo en a marre de parler à son chat, de faire tourner la machine à laver entre deux factures, de tenter de travailler pendant que les enfants se chamaillent… Il ressent le besoin de rencontrer du monde, des indépendants qui ont les mêmes problématiques, de réseauter, de quitter sa bulle internet et rencontrer des gens en vrai, avec qui il pourra créer de nouveaux et grands projets.
C’est ainsi que le coworking, ou travail partagé, est né du besoin d’échange de la communauté grandissante des indépendants, au début des années 2000, à San Francisco. Imaginez un espace où ces indépendants travaillent ensemble mais pour des clients distincts, un environnement stimulant, sans hiérarchie, sans compétition, sans politique, un cadre convivial et cosy. Des lieux comme cela existent, ce sont les espaces de coworking, et il y en a de plus en plus sur le territoire du Grand Genève.
Le Coworking dans le Grand Genève se développe |
Rencontre avec Marion Majou, créatrice d’Entrelac, espace de coworking à Annemasse
Comment as-tu eu l’idée de créer un espace de coworking ? Quel rêve as-tu fait ?
J’ai eu l’idée de créer Entrelac en voyant les espaces de coworking fleurir à Londres, où je résidais avant de m’installer dans la région. En arrivant ici, j’avais en tête de lancer ma propre activité indépendante en travaillant depuis mon domicile. Très vite, j’ai eu du mal à me concentrer sur mon projet tout en jonglant avec les contraintes domestiques et familiales. Donc, cet espace de coworking, au départ, c’était pour répondre à mon propre besoin et à mon envie de développer un réseau professionnel sur ce territoire où je ne connaissais personne.
Avant, tu avais un autre job ? Tu faisais quoi ?
J’ai travaillé pendant 10 ans dans le développement des politiques publiques à Bruxelles puis à Londres. Je me suis spécialisée dans le domaine de l’emploi et de la formation, découvrant ainsi les nouvelles formes de travail au sein de structures telles que la Commission européenne, un syndicat patronal anglais puis un ministère britannique.
Un pari plutôt risqué ? De quelles aides as-tu bénéficié ?
Un pari risqué, oui, car le coworking était encore méconnu quand j’ai démarré le projet en 2013. À part La Muse à Genève, à l’époque il n’y avait rien dans la région. Petit à petit, « les étoiles se sont alignées » : développement d’une (toute) petite communauté de membres potentiels, intérêt pour le projet auprès des acteurs économiques et politiques du territoire, approbation des demandes de financement bancaire, et coup de pouce d’Annemasse Agglo pour trouver un local.
Outre une formation à la création d’entreprises via le dispositif IDECLIC, j’ai bénéficié d’un prêt d’honneur et d’un prêt NACRE via la plateforme Initiative Genevois qui continue de m’accompagner à ce jour.
Aujourd’hui tu cohabites avec Puls, peux-tu nous expliquer comment ?
Nous faisons plus que cohabiter ! Puls est une pépinière d’entreprises qui propose aux jeunes pousses innovantes du secteur de la ville durable des bureaux clés en main et un accompagnement régulier de leur activité. À l’origine lancée par Annemasse Agglo avec la Maison de l’Économie Développement, le souhait dès le départ était que la pépinière soit un lieu vivant. Il était évident qu’Entrelac et Puls avaient des besoins communs que ce soit au niveau des espaces partagés (cuisine, espace détente, salles de réunion) ou de l’animation du lieu. C’est donc un partenariat public-privé qui s’est mis en place, par lequel nous mutualisons des moyens, mais surtout, un véritable écosystème entrepreneurial qui se développe bien depuis notre installation dans nos nouveaux locaux en septembre 2015. Nous apprenons beaucoup les uns des autres. Comme quoi, quand la volonté est là, le public et le privé peuvent collaborer intelligemment !
Retrouvez la suite de l'article et les espaces de Coworking du Grand Geneève dans la version papier de GENEVOIS Styles.
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